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Pauvreté Multi-Dimensionnelle

Le continent africain est à la fois riche, en développement, en croissance économique avec des investisseurs qui prospèrent rapidement (14 % de rentabilité) mais détient, tristement, les records de pauvreté. Dans les années 1980 les excédents budgétaires des pays du Nord notamment européens et américains leur ont permis de «placer» leur argent en proposant des prêts, pour booster la croissance des pays d’Afrique en particulier. La dette des pays africains a augmentée, puis sont venues les mesures budgétaires imposées par le FMI (Front Monétaire International) et la Banque Mondiale. Chaque fois les plans de redressement budgétaire s’attaquaient au social, à l’éducation et à la santé pour baisser les charges des états et de fait leurs rentrées: impôts cotisations sociales.

Le but de ces institutions (FMI, Banque Mondiale...) est de centraliser les ressources budgétaires des états sur les investissements orientés vers l’exportation pour faire rentrer des devises. Ces dernières permettront de valoriser aux yeux des prêteurs la capacité du pays à rembourser ses dettes. Le serpent se mord la queue et la dette grossie sans qu’il ne soit réellement question de l’effacer. « La dette ne peut pas être remboursée parce que, d’abord, si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en surs. Par contre si nous payons, c’est nous qui allons mourir. ». Thomas Sankara, président du Burkina Faso, à la tribune de l’Organisation de l’union africaine en 1987 à Addis Abeba.

Pendant que les pays s’engagent dans la course à l’exportation sur l’échiquier de la mondialisation, ils délaissent les investissements non rentables sur le cours terme, donc tout ce qui concerne l’humain dans son développement : la santé, l’éducation, le social, le logement... Il est logique que ces terrains laissés à l’abandon par les états deviennent des sources de misère et de conflits. Les bidonvilles, l’absence d’infrastructures : route, école, hôpitaux, transports, les guerres et conflits poussent des milliers de gens à se réfugier dans les pays voisins, ou à risquer leurs vies pour atteindre l'Europe.

Les causes de cette pauvreté sont en partie dues aux conflits forçant les populations à se déplacer, donc à abandonner leur moyens de subsistances et leurs biens, mais les causes sont aussi dues à des choix politiques, notamment le peu d'investissements économiques : infrastructures, politiques sociales, sanitaires, éducatives....

La puissance d’entreprises comme TOTAL, Bolloré, Bouygues, Castel, Orange... des banques Société Générale, BNP est énorme. Le chiffre d’affaire de Total en 2018 équivalait à 18 fois les PIB (Produit intérieur brut) de la République du Congo, 2 fois celui de l’Angola et la moitié de celui du Nigeria. Ces entreprises sont soutenues par l’état français ce qui revient à une pression supplémentaire pour les états africains. Un ancien ministre de l’énergie sénégalais M. Thierna Alassane Sall explique que son pays a choisi Total malgré « les plus mauvaises propositions » car « La France donne de temps en temps des sucette : 65 milliards (CFA) pour payer les salaires, 100 milliards pour ceci ou cela ». (Le Quotidien 3/01/ 2019).

Les monopoles d’entreprises étrangères sur des secteurs entiers de l’économie ne laissent pas de place à un développement à taille humaine et locale. De plus la logique de l’exportation, l’accaparement des terres pour des productions de légumes, de palme ou de céréales pour les agro carburants, dépossèdent les populations de leur terre et de leur ressources alimentaires. Bien des pays doivent importer la nourriture, le peu de produits manufacturés ne permet pas une valorisation des matières premières. La pauvreté n’est pas une fatalité, même si les conditions climatiques le manque d’eau peuvent être des facteurs, elle est directement liée à des choix politiques qui engendrent par ailleurs aussi des conflits. L’aide au développement, l’accroissement de la dette, les politiques de restrictions budgétaires imposées depuis 30 ans n’ont pas permis d’enrayer le processus de paupérisation de la majeure partie du continent.

Les migrations sont le fruit de cette pauvreté endémique, qui se fait en majeur partie en direction des pays voisins. Les trafics, la prostitution, les actes de pirateries, découlent aussi de l’impossibilité des populations a pouvoir s’assumer à causes de ces fléaux de la mondialisation de la course à la rentabilité, toujours au détriment des humains et de la nature.

Petit point sur les mesures de pauvreté : Les procédés d’analyses, de mesure de la pauvreté sont multiples. Souvent le PIB par habitant est proposé comme mesure mais elle ne donne que la richesse du pays diviser par le nombre d’habitant, elle ne représente pas les inégalités. L’IDH l’indice de développement humain ne prend en compte que le PIB par habitant, l’espérance de vie et le niveau d’éducation des enfants de 17 ans et plus. L’ IPM l’indice de pauvreté multidimensionnelle prend en compte des facteurs de pauvreté en plus de la santé (mortalité infantile, malnutrition) et l’éducation il prend en compte le niveau de vie (accès à l’eau, aux sanitaires, à l’électricité, les biens de transport et de communication, la combustion charbon, bois, sol en terre battue). Les populations de 33 pays africains sont considérées a haut niveau de pauvreté !

Bibliographie:

- Benoît MARTIN « Quelles « mesures » pour quantifier la pauvreté ? Les indicateurs produits par les organisations internationales »  Ceriscope Sciences-Po. -Bénéficiaires de l'aide au développement. Ceriscope Sciences-Po - La pauvreté en Afrique cartes clés. Ceriscope Sciences-Po - Cartes. International Comparaison Program, World Bank | World Development Indicators database, World Bank | Eurostat-OECD PPP Programme. Banque Mondiale - Indicateur de développement humain par pays .Programme de développement des Nations Unies. - l'Afrique en cartes par l'AFD: Agence française de développement. - Daniel Noin & Philippe Rekacewicz  , « Progrès techniques, fractures sociales.Comment mesurer les richesses ? » L'Atlas du Monde Diplomatique 2003. - Damien Millet  « La lutte contre la faim un échec programmé ». Monde Diplomatique 2006 - Antoine d’Abbundo : « Le tour de passe-passe fiscal des multinationales en Afrique »2/06/2015. La Croix. - « La faim, un business comme un autre », comment la Nouvelle Alliance du G8 menace le droit à l’alimentation en Afrique ». 09/09/2014. Oxfam - L’Afrique escroquée de milliards de dollars par les multinationales basées dans les pays du G7. 01/06/2015. Oxfam -Annuler la dette des pays pauvres : une mesure d’urgence face au coronavirus. 12/04/2021 Oxfam - Olivier Petitjean : « Françafrique : toujours vivace, plus contestée que jamais » 7/10/2019. Observatoire des multinationales.